Chemin de Croix dans les temps d'impiété
Balanche (Chanoine Félix), Douze Chemins de Croix, Langres, L'Ami du Clergé, 1934, n° VI, p. 41-48

Pour ce mettre en garde contre l'impiété
Notre temps se distingue par trois grands scandales qui entraînent la masse des hommes : scandale de l'impiété et du blasphème, scandale des mauvaise mœurs, scandale de la course effrénée de la richesse […} Aujourd'hui suivons Jésus conduit au Calvaire par les impies.
PREMIÈRE STATION
Condamnation à Mort arrachée à Pilate
Au prétoire, les ennemis de Jésus l'entouraient comme un essaim d'abeilles en fureur ; ils criaient :
Nous ne voulons pas qu'il règne sur nous ! Enlevez-le ! Crucifiez-le !
Et le lâche Pilate céda.
Dans les siècles passés, il n'y avait que des individus isolés, ou du moins en petit nombre, qui osaient afficher l'athéisme, la haine de Dieu et de sa religion. Aujourd'hui, ce sont des multitudes, ce sont des nations qui officiellement renient le Christ et veulent mettre sa religion au rebut.
L'impiété triomphe, est aux honneurs, distribue les grâces et les faveurs ; dans beaucoup de pays on traite comme des parias ceux qui veulent rester fidèles au Christ.
Au milieu cette apostasie qui monte, serons-nous du nombre des renégats qui, par leur défection, prononceront l'arrêt de mort de Jésus dans leur âme et dans les âmes des autres ? Ô Jésus jamais, non jamais, plutôt le martyre, plutôt la mort, plutôt mille morts !
Notre Père
DEUXIÈME STATION
La Croix
Jérusalem, tu as préparé jadis la Croix à ton Sauveur :
Parasti Crucem Salvatori tuo
Cette Croix était l'instrument d'un horrible supplice. Néanmoins Jésus l'a acceptée, parce que par elle il voulait sauver le monde. Mais les impies, les athées, les laïcisateurs, les blasphémateurs qui le nient, qui l'outragent, qui lui font la guerre,, sont pour lui et pour les siens un croix bien plus odieuse, plus pénible ; ils lui infligent en la personne de ses enfants fidèles, spoliations, expulsions, oppressions, tracasseries et même parfois prison ou exil ; parfois même c'est encore le martyre, la mort, dans certains pays.
Que verrons-nous encore ici ? Dieu seul le sait ! Oh ! s'il faut prendre et supporter des croix pour rester fidèles à Jésus, prenons-les, acceptons-les généreusement, joyeusement, car la croix à la suite de Jésus mène au bonheur, à la gloire.
Notre Père
TROISIÈME STATION
LA CHUTE
La première chute de Jésus sur le chemin du Calvaire fut bien douloureuse pour lui. Bien plus douloureuse est pour son cœur de Père la chute des siens, qui, en si grand nombre aujourd'hui, l'abandonnent et le renient, par lâcheté, par ambition, par cupidité, pour obtenir un place, une faveur, pour éviter un désagrément, une critique.
Oh ! combien plus noble et plus méritoire est la conduite de ceux qui bravent tout pour ne pas trahir leur Dieu et ne pas manquer à leur devoir
Et nous, en face de la tentation, que ferons-nous ? … Ô Jésus, nous le jurons : avec votre grâce, nous aimerons mieux tout perdre, tout sacrifier que de passer à l'ennemi, et tout en blâmant la faute de ceux qui succombent à la tentation, nous aurons bien pitié d'eux et nous les aiderons à se relever.
Notre Père
QUATRIÈME STATION
MARIE INTERVIENT
Marie se trouve sur le chemin du Calvaire pour coopérer à l'œuvre du salut du monde.
A notre époque travaillée et troublée, Dieu à jugé nécessaire de nous envoyer sa Mère pour nous avertir, nous soutenir et nous rappeler au devoir. Elle est apparue à Catherine LABOURÉ, à la Salette, à Lourdes, à Pontmain, et elle a parlé, elle a pleuré, elle a prié et fait prier.
Ô Mère, vous nous apportez de grandes leçons, de grands encouragements, de salutaires avertissements. Vous nous avez montré le bras de Jésus levé pour nous frapper. Si l'on avait profité de votre avertissement, on aurait évité bien des malheurs et on éviterait les maux plus grands encore qui nous menacent pour l'avenir.
Ô Marie, pour ce qui nous regarde, faites que nous soyons plus sages, et si le déluge de maux que vous nous avez annoncé fond sur le monde, dans cette terrible épreuve soyez notre salut.
Je vous salue Marie

CINQUIÈME STATION
LE CYRÉNÉEN, OU L'ENRÔLEMENT DES DÉFENSEURS
Il fallut forcer le Cyrénéen pour le décider à aider à porter sa croix
Aujourd'hui au milieu des attaques dirigées contre lui et son Église, Jésus semble dormir ou plutôt il veut paraître impuissant à se défendre ; mais c'est pour donner occasion à ses amis fidèles de prendre en main sa cause et de s'enrôler dans les rangs de ses soldats pour la défense de son Église et des âmes. A mesure que l'armée du mal s'accroît et s'organise, l'armée des soldats du Christ doit elle aussi se recruter et préparer sa défense.
Catholiques, hommes, femmes, jeunes gens, jeunes filles, enfants, faites-vous inscrire au nombre des dévoués défenseurs du Christ dans les associations créées dans ce but ; qu'il n'y ait parmi vous ni indifférents, ni lâches, ni traîtres.
Notre Père
SIXIÈME STATION
VÉRONIQUE, OU LES ÂMES RÉPARATRICES
Jésus, dans sa Passion, fût accablé d'outrages, couvert de crachats, et Véronique eu le courage d'aller essuyer sa face adorable.
Aujourd'hui les outrages continuent, redoublent, et Jésus demande à ses amis, à ses enfants des consolations des réparations, des expiations ; Improperium exspectavit cor meum ... et qui consolateur, et non inveni.
Ils sont légion, ceux qui insultent et qui blasphèment. Ne seront-elles pas légion aussi, les âmes réparatrices qui demanderont pardon et voudront rendre à Jésus amour et louanges pour compenser tant d'outrages ? Nous du moins, à la suite de Véronique, prenons ce beau rôle.
Je vous salue Marie
SEPTIÈME STATION
LA RECHUTE DE JÉSUS
Jésus semble foulé aux pieds par ses ennemis, mais en voulant le traiter ainsi, ceux qui l'outragent se mettent bien plus bas que lui. Lui il se relève toujours. Pour eux, quelle chute quelle déchéance ! D'enfants de Dieu ils se font enfants du diable ; d'amis de Dieu ils deviennent alliés et complices de Satan ; d'aspirants du Ciel ils rabaissent leurs désirs à la boue et à l'ordure ; à la lumière ils préfèrent les ténèbres ; de rois qu'ils étaient, ils ne sont plus que de malheureux esclaves de viles passions.
En voulant jeter Jésus à terre ils s'y sont jetés eux-mêmes. À leur beaux titres de chrétiens, de frères du Christ, ils ont substitué celui de traîtres, de renégats et d'apostats.
Ne nous couvrons jamais nous-mêmes d'un semblable honte. Gardez-nous ô Jésus, de ce malheur.
Notre Père
HUITIÈME STATION
LA MENACE DE JÉSUS
Cette menace, elle est exprimée dans les paroles que Jésus adressa aux saintes femmes :
Si on traite ainsi l'arbre vert, qu'en sera-t-il du bois sec ?
Et Jésus le redit aujourd'hui à nos athées à nos laïcisateurs, à nos blasphémateurs, à tous ceux qui renient Dieu et lui font la guerre. Ah ! c'est bien le cas de redire avec le psalmiste :
Pourquoi les nations ont-elles frémi, pourquoi les peuples ont-ils tramé de vains complots contre le Seigneur et contre son Christ ? Celui qui habite dans les cieux se rira d'eux et les convaincra de folie ; il les mènera avec une verge de fer et il les brisera comme on brise le vase du potier
La grande guerre a été la verge de fer pour punir les impiétés passées. une verge plus dure châtiera peut-être bientôt les péchés d'aujourd'hui. Prenons garde.
Peuples, humiliez-vous, demandez pardon, comme Ninive faites pénitence, et peut-être apaiserez-vous la colère de Dieu.
Notre Père

NEUVIÈME STATION
LA TROISIEME CHUTE DE JÉSUS
Cette troisième chute de Jésus fut pour lui le dernier prélude la sa mort.
Pour les peuples qui apostasient en masse la terrible chute qui les menace, c'est le Movebo candelabrum :
Je porterai ailleurs ma lumière
Ô mille fois malheur aux peuples que Jésus abandonne ! Même pour la vie présente, une nation sans Dieu deviendra fatalement et logiquement un repaire de bêtes féroces acharnées les unes contre les autres pour s'arracher les biens qui ne peuvent être à tous.
Barbarie, anarchie, bolchevisme sont les fruits naturels de la négation de Dieu. Prions pour qu'un semblable sort ne soit pas celui de notre France.
Notre Père

DIXIÈME STATION
LE DÉPOUILLEMENT

Au Calvaire on n'a rien laissé à Jésus pas même les vêtements qui le couvraient. Depuis, combien de fois les sans-Dieu l'ont dépouillé en la personne de ses religieux, de ses prêtres ! Cela ne les a jamais enrichis et finalement ils s'en sont allés comme les autres, nus dans leur cercueil.
Mais par un juste châtiment, Jésus les a dépouillés du vêtement hypocrite par lequel ils masquaient leur noirceur et trompaient les foules
Faites attention, tous, dit-il :
Attendite
Ils viennent à vous sous la toison de la brebis, mais en réalité ils sont des loups ravisseurs. S'ils flattent et affectent le dévouement, ce n'est pas pour donner, mais pour obtenir.
Et c'est le cas des sans-Dieu de tous les temps, de notre temps à nous. Pauvre peuple, simple et crédule, ne t'y laisse pas prendre. Arrache leur masque pour les bien juger.
Notre Père
ONZIÈME STATION
LE CRUCIFIEMENT
Les ennemis de Jésus en le crucifiant, ont voulu le lier, le torturer, le déconsidérer. C'est ce qu'on voulu toujours les sans-Dieu de tous les temps, surtout ceux d'aujourd'hui : mettre des entraves à l'action de la Sainte Église, tracasser ses enfants fidèles, la noircir par le mensonge et la calomnie.
Mais les Juifs, en attachant les pieds et les bras de Jésus sont devenus l'escabeau de ses pieds et ils ont mis dans ses bras l'univers ; en le torturant, ils ont fait de ses souffrances la rançon de l'humanité et en le suspendant au gibet ils l'ont proposé aux adorations de tous les siècles.
Et les sans-Dieu qui ont voulu reprendre à leur compte l'œuvre des Juifs contre le Christ n'ont pas eu plus de succès qu'eux. Ayons donc confiance pour le présent et l'avenir.
Notre Père

DOUZIÈME STATION
LA MORT DE JÉSUS

Le principal but des ennemis de Jésus, en le crucifiant était de le faire mourir pour le supprimer l'anéantir. Mais par sa mort Jésus-Christ à vaincu la mort, enchaîné l'enfer à son char de triomphe.
Après les Juifs, les persécuteur ont voulu noyer sa religion dans le sang. Mais, comme l'a écrit Tertullien, le sang des martyrs a été une semence de nouveaux chrétiens ; les tyrans, alors qu'ils se vantaient d'en avoir bientôt fini avec la nouvelle religion, disparaissaient bientôt, humiliés et vaincus, et la religion chrétienne s'asseyait triomphante sur le trône des César en la personne de Constantin.
Mais si les impies en voulant tuer le Christ, ne l'ont pas supprimé, ils ont, hélas ! donné la mort à des milliers et des millions d'âmes dont la plupart sont restées dans cette mort ; aujourd'hui encore par l'odieuse laïcisation, ce sont des millions d'âmes d'enfants qu'on blesse à mort.
Ô mon Dieu, pardon pour un si grand crime et faites cesser le plus tôt possible un si affreux désordre.
Je vous salue Marie
TREIZIÈME STATION
LE CADAVRE
Après la mort de Jésus, son corps fut descendu de la croix sanglant couvert de plaies, et remis sur les genoux de sa Mère qui l'arrosa de ses larmes.
Hélas ! sur combien de cadavres d'âmes notre Sainte Mère l'Église doit pleurer aujourd'hui ! Et ces cadavres couverts de plaies faites par des péchés innombrables, sont plus affreux que celui de Jésus.
Grâce au travail de déchristianisation que font les impies, le monde est rempli de cadavres ambulants, qu'un cortège de démons triomphants accompagne vers l'enfer.
L'Eglise verse des larmes sur tous ces cadavres, et nous aussi, si nous avons un cœur chrétien, nous devons gémir et pleurer, surtout prier pour la résurrection surnaturelle de ces pauvres âmes et pour les arracher à l'enfer.
Je vous salue Marie
QUATORZIÈME STATION
LE SÉPULCRE

Jésus fut mis au tombeau, mais pour lui le sépulcre fut glorieux, puisqu'il en sortit ressuscité et triomphant. Pour ceux qui lui auront été fidèles, il en sera de même. Ils auront, c'est vrai, à subir la corruption, mais de leurs cendres ils renaîtront un jour, avec toutes les qualités des corps glorieux.
Il n'en sera pas de mêmes des impies, qui seront comme un peu de poussière que dissipe le vent. Oh ! ne nous scandalisons pas de leur triomphe momentané et apparent ! Par ce prétendu triomphe, ils s'enlacent dans les liens d'une justice inexorable qui leur fera rendre un compte sévère, dent pour dent, œil pour œil.
Et sur la terre, que restera-t-il d'eux ? Un peu de pourriture au fond d'un tombeau et bien vite l'oubli, mais avec, cependant, la responsabilité des fautes qui se commettront encore pendant des années, quelquefois dans plusieurs générations, à cause d'eux.
Nous qui voulons rester fidèles au Christ, en ces temps d'impiété, remercions Dieu de nous avoir donné jusqu'à présent la grâce et méritons malgré tout de demeurer dans cette disposition jusqu'à notre dernier soupir.
Notre Père
PAX ET BONUM







