LE MIRACULEUX ENFANT-JÉSUS DE PRAGUE

05/02/2024

Le 22 septembre 1624, des pères Carmes originaires d'Espagne étaient entrés dans le couvent fondé par Ferdinand II à Prague. L'Empereur et le conseil municipal de la ville leur donnèrent l'église de la Sainte-Trinité - un temple qui avait appartenu aux protestants - ainsi que la maison annexe.

Les Carmes intitulèrent l'église, "NOTRE-DAME DE LA VICTOIRE."

La situation était très difficile pour les nouveaux arrivés. A cette époque, en effet, Prague était encore en grande partie habitée par les lutériens, et ceux qui s'étaient rebellés contre l'empereur voyaient d'un mauvais œil le nouveau couvent dont le nom leur rappelait clairement leur échec. De plus, s'ajoutait le fait que les Pères, ignorant les conditions locales, s'étaient obstinés à établir un convent dépourvu de toute rente fixe et dépendant uniquement des aumônes des bienfaiteurs.

Tant que l'empereur séjourna à Prague, la nouvelle fondation ne manqua pas du nécessaire, mais dès qu'il eût transféré son siège à Vienne, une amère période commença pour le couvent. Les maigres aumônes qui leur arrivaient çà et là  n'étaient pas suffisantes pour couvrir leurs dépenses les plus élémentaires.

On lit dans les "chroniques de la province carmélitaine d'Autriche"


écrites par le vénérable Père Cyrille de la Mère de Dieu : " ... bien des jours, les pères devaient se contenter de pains et de légumes."

Et la situation ne s'améliora pas après 1624, alors que de nouveaux frères s'adjoignirent à la communauté.

Le prieur, Père Jean-Louis de l'Assomption, recourut à la prière. Éduqué à Rome, à l'école du vénérable père Jean de Jésus-Marie, il avait apporté avec lui l'héritage le plus précieux du carmel : la dévotion à l'enfance de Jésus, source inépuisable de force spirituelle et d'abandon illimité à notre Père de Ciel.

La Chronique rapporte :

... qu'en ces temps d'extrême pénurie et indgence dont était affligeé sa famille religieuse, le seigneur lui fit entendre combien il serait utile, pour surmonter cette période de difficultés économiques, d'inviter ses religieux à l'imitation et au culte de l'Enfant-Jésus.

Il ordonna donc au sous-prieur et maître des novices, le Père Cyprien de Sainte-Marie, de se porcurer une statuette ou une image de l'Enfant-Jésus. Cela l'aurait beaucoup aidé pour l'éducation et la formation des jeunes religieux.

Il voulut également que cette statue fut placée dans l'oratioire de la communauté, en cet endroit où a lieu l'oraison mentale, afin qu'en la voyant, tous se sentissent plus portés à comprendre l'humilité de Jésus, notre Sauveur, fondement de toutes les vertus.

Jésus, en effet, nous avait dit :

Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur.

Et encore :

Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux.

LA PROVIDENCE L'EXAUÇA 

Un jour, la princesse Polyxène de Lobkowitz, une grande bienfaitrice des frères, fit cadeau au Père Jean-Louis de l'Assomption, d'une petite statue de l'Enfant-Jésus formée de la cire la plus pure. En la remettant au prieur, elle lui dit : "Mon Père, je vous confie ce que j'ai de plus cher. Honorez cette image et vous ne manquerez jamais de rien." c'était en 1628.

Certaines sources antiques et une vénérable tradition de la maison Lobkowitz affirment que la mère de Polyxène, Marie Manriquez et Lara née princesse Pignatelli, avait apporté cette statuette miraculeuse d'Espagne, et l'avait donnée comme cadeau de noces à sa fille.

Cette image qui retraçait admirablement l'innéfable douceur du plus aimable des enfants des hommes, devint l'objet de la vénération et de la confiance des bons religieux. La princesse, en faisant aux Carmes ce pieux cadeau, semble avoir voulu leur mettre sans cesse devant les yeux le bienveillant amour du Sauveur.

L'Enfant-Jésus a 48 cm de hauteur, Il éleve la main droite comme pour bénir, et de ses deux doigts indicateurs, Il semble démontrer aux fidèles toute la vérité de son amour, toute la vertu des grâces célestes ; de la main gauche, Il soutient le globe terrestre, emblème de sa souveraine puissance. Quand l'Amour Divin le presse ainissur son cœur, le monde est à l'abri de toute crainte. Une couronne, symbole de la Majesté Royale, brille sur la tête de l'Enfant-Dieu, toute rayonnante d'un éclat divin, et rappelle que Jésus est le fondateur et le protecteur du royaume de Dieu.

La grâce enfantine répandue sur toute la statue donne une merveilleuse idée de la douceur et de la tendresse du bon Sauveur, toujours prêt à nous venir en aide, et dont l'exemple ne cesse jamais de nous enseigner cette innocence des petits enfants, en vertu de laquelle Il promit le royaume des cieux.

Le Père Jean-Louis fit à l'Enfant-Jésus un accueil solennel. Il pensait à ce que Mère Thérèse de Jésus avait écrit dans le "CHEMIN DE LA PERFECTION" 26,9 : 

"Un bon moyen pour nous maintenir dans la présence de Dieu et de vous procurer une image ou une peinture qui vous donne de la dévotion (...) afin de vous en servir et de vous entretenir souvent avec Lui, et Il vous inspirera ce que vous devez dire."

C'était le moment opportun d'exposer au nouvel arrivé la triste situation de la maison ; sans nul doute, son puissant appui ne pouvait pas manquer. Les Pères l'exposèrent dans leur oratoire en lui faisant part du grand dénuement de  leur maison et en le suppliant avec instance de les aider.

Son aide ne se fit pas attendre ...

L'empereur Ferdinand, profondément préocupé par les évènements, avait perdu de vue ses protégés du Carmel de Prague. Tout à coup, il se rappela leur condition misérable et en 1628, il fit en sorte qu'une rente mensuelle leur fut attribuée pour la restauration du couvent, ainsi qu'une abondante provision de vivres. Ajoutons à cela que la vigne de la communauté, au grand émerveillement de tous, recommença en 1630 à leur donner une vedange exceptionnelle. La bonté de Dieu avait visiblement récompensé leur dévotion à l'Enfant-Jésus.

*Hélas ! La vénération au miraculeux Enfant-Jésus ne devait pas durer. Par suite des évènements militaires, les Supérieurs se virent forcés d'envoyer à Munich en Bavière, les novices qui étaient les plus fidèles dévots de l'Enfant-Jésus.

Entre temps, le roi du Suède, Gustave Adolphe, avait déclaré la guerre à l'empereur et faisait une incursion en Allemagne. Partout où il arrivait avec son armée victorieuse, il remplissait la population d'angoisse et de terreur, laissant derrière lui des monceaux de ruines fumantes et des milliers de cadavres. L'Allemagne semblait désormais irrémédiablement perdue, pour l'Église catholique romaine, parce que Gustave Adolphe avait l'intention de fonder un empire purement protestant. Pendant qu'il occupait les régions occidentales, le prince électeur de Saxe, allié des Suédois, déferlé sur la Bohême avec son armée. Il n'y eut pas de résistance digne de ce nom ; la ville de Prague capitula le 15 novembre 1631 et le couvent des Carmes fut livré au pillage.

Le 1er Janvier 1632 arrivèrent de Saxe les propagandistes protestants, les "prédicants". Ils entrèrent par violence dans l'église Sainte-Marie de la Victoire et y établirent leur culte.

Tous les Carmes avaient fui, sauf le sous-prieur et un frère convers, mais il était impossible de s'opposer à cette violence déchaînée. Les hérétiques mirent à sac église et couvent et emprisonnèrent les deux Carmes. La statue de l'Enfant-Jésus eut sa part de mauvais traitements, les deux mains furent brisées. Les religieux ne purent retourner dans leur couvent dévasté, que lorsque les Saxons eurent été chassés de Prague. Tous leurs efforts furent alors consacrés à la restauration du couvent et de l'église.

La bourrasque passée, la statuette de l'Enfant-Jésus fut retrouvée sept ans après par les Carmes, dans un entrepôt. Bien que recouverte de toutes sortes d'immondices et de débris, elle était aussi fraîche et aussi blanche qu'au temps où ils l'entouraient de tous les témoignages de leur amour. A cette vue, ils furent saisie d'un profond étonnement mêlé de la joie la plus vive, et ils s'empressèrent de la rapporter dans leur couvent.

Extrait du merveilleux livre du monsieur l'Abbé Michel KOLLER


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